C’est maintenant dans deux jours que Yann Eliès et les 28 autres marins engagés dans le Vendée Globe 2016-2017 s’élanceront, au large des Sables d’Olonne, pour 24 000 milles (44 500 kilomètres) autour du globe. Comme toujours, c’est un moment qui sera chargé en émotions et, comme toujours, c’est la météo qui donnera le ton. Le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir fait justement le point, ce vendredi, sur ce qui les attend, lui et ses concurrents, lors des premiers jours de mer. Bonne nouvelle, les conditions s’annoncent plutôt clémentes. De quoi se mettre dans le bain doucement mais sûrement.
#VG2016 J-2
La météo
« Dimanche, nous devrions partir avec entre 10 et 15 nœuds de vent. Au final, ce devrait dont être un départ assez cool, si même cela va forcément favoriser la venue de beaucoup de bateaux spectateurs sur l’eau qu’il faudra faire attention d’éviter. Après une heure ou deux, ça devrait monter progressivement pour atteindre une trentaine de nœuds dans certains passages de grains. Il y aura de l’instabilité mais nous devrions avaler le golfe de Gascogne au vent de travers, à 90° du vent. Pour l’heure, nous nous orientons vers un passage à l’intérieur du DST (Dispositif de Séparation de Trafic). Après le passage du cap Finisterre, nous devrions choquer les écoutes et attaquer un bord de portant encore un peu incertain. De fait, aujourd’hui, les modèles ne sont pas d’accord entre eux. Certains nous font aller chercher la courbure anticyclonique qui se trouve un peu dans l’ouest, nous décalant ainsi favorablement pour l’approche du Pot-au-Noir. Un autre restreint notre route à l’intérieur d’un petit couloir de vent le long du Portugal et des côtes africaines, ce qui nous obligerait alors à tirer des bords de vent arrière avant de trouver le moment opportun pour nous recaler dans l’ouest assez tardivement, une fois le Cap Vert passé. Ce sont deux scénarii relativement cléments. Stratégiquement, évidemment qu’il y aura des pièges (le cap Finisterre, le dévent des îles…) mais il n’y aura, a priori, pas de raison de casser. En clair, il n’y a pas de raison de craindre les premières heures de course. »
Les derniers jours aux Sables
« Ces trois semaines aux Sables d’Olonne se sont plutôt bien passées. Elles ont été intenses mais nous les avons bien gérées à tous points de vue. J’ai cependant largement apprécié ma seule matinée de libre de la semaine, aujourd’hui. Je me suis levé ver 7h30. J’ai écrit mon petit carnet de bord pour le Télégramme. Ensuite, je suis allé en vélo chercher du pain, puis au supermarché faire mes courses avant d’effectuer une petite balade en famille sur le front de mer. Cela m’a permis de retrouver un peu de normalité après la folie de ces derniers jours au contact du public et des médias et avant le grand départ. Clairement, avec le coup d’envoi qui approche, il y a un peu de tension dans l’air. J’appréhende un peu la matinée du jour J, toujours très dure à gérer émotionnellement parlant. Tu as beau te dire que tu vas faire un truc de dingue que très peu de gens ont la chance de faire, tu sais que ça va être très chargé en émotions. C’est, en fait, ce qui me stresse le plus. Une fois dans ma course, ça ira mais je sais qu’avant ça, il y aura une petite phase où je serai un peu perdu, où je ne saurai plus où j’ai mis mes affaires ou quoi que ce soit d’autre avant que tout se mette en place. Ma « target », c’est la première nuit car je sais que c’est véritablement à ce moment-là que je parviendrai réellement à me plonger dans le sportif. »