L’escale à Roscoff aura été courte pour les 32 marins de la Solitaire du Figaro Paprec. C’est, en effet, ce dimanche à 14 heures que sera donné le coup d’envoi de la troisième et dernière étape de l’épreuve. Pour ce qui la concerne, malgré toute la fatigue accumulée, Élodie Bonafous est impatiente d’en découdre de nouveau. Son objectif principal reste le même qu’au départ : réussir à se hisser sur le podium au classement général de cette 54e édition. Si la tâche ne s’annonce pas des plus faciles avec un retard cumulé de 4 heures et 26 minutes, la manche précédente a montré que tout, y compris le plus improbable, était possible. Et c’est d’autant plus vrai que le schéma météo prédit pour cet ultime round comporte bien des incertitudes. De quoi, en somme, ouvrir le jeu en grand et de permettre à la skipper de Quéguiner – La Vie en Rose de tenir son pari !
Élodie Bonafous : « Peu à perdre et beaucoup à gagner »
« Il y a pas mal de fatigue dans l’air et les nerfs ont été mis à rude épreuve depuis le départ mais j’ai vraiment hâte de repartir sur l’eau et de me retrouver de nouveau dans ma bulle », annonce Élodie Bonafous pour qui cette escale « à la maison », à défaut d’avoir été de tout repos, a permis de renouer avec certains basiques, à commencer par les gâteaux bretons pur beurre et les pâtes carbonara ! A la clé : une détermination intacte. « C’est dur d’avoir une visibilité sur ce qui nous attend mais je pars en essayant de faire table rase du passé. Je ne veux pas penser aux deux étapes précédentes ni au classement général actuel, mais faire la course comme si c’était la première », explique la navigatrice qui se verrait bien réitérer la performance réalisée il y a tout juste un an. Une performance qui lui avait permis de devenir la deuxième femme après la britannique après Clare Francis en 1975 à s’offrir un podium d’étape sur cette fameuse Solitaire du Figaro. « Je ne suis clairement pas dans un esprit revanchard par rapport à la dernière manche et, de ce fait, je n’envisage pas de tenter des options « suicide ». L’’idée est de finir sur la plus belle note possible. J’ai vraiment envie de me faire plaisir surtout qu’après, avec mon opération du genou, je vais subir une petite période d’arrêt forcé. Je veux donc profiter au maximum d’être sur l’eau ! », poursuit la skipper de Quéguiner – La Vie en Rose.
Beaucoup d’incertitude dans l’air
Pour cela, elle le sait, elle va devoir faire preuve de lucidité mais aussi d’opportunisme car le scénario météo est, une fois encore, pour le moins complexe. « Dans les grandes lignes, il va y avoir pas mal de jeu dans les cailloux le long de la côte nord du Finistère pour s’abriter du courant. Il faudra ensuite négocier au mieux le passage de la pointe Bretagne puis jongler avec une dorsale plantée sur notre route, dans le golfe de Gascogne, ce qui obligera à faire des choix », souligne Élodie qui s’attend à une étape « côtière », à l’inverse de ce qui était prévu. Et pour cause, la Direction de course n’a pas eu d’autre choix de renoncer au parcours initial qui devait mener les solitaires jusqu’à une marque au large de La Corogne en raison d’un vent quasi absent sur la zone, mais de proposer à la place un tracé plus court via une bouée située entre le bassin d’Arcachon et l’entrée de la Gironde. « Les incertitudes restent malgré tout nombreuses, en particulier sur la section entre Hourtin et l’arrivée. Il va falloir composer avec de petits airs, potentiellement des orages, mais aussi des effets de site et de brise thermique. A mon sens, la clé sera de dérouler le fil au fur et à mesure, en priorisant bien les choses et sans se faire de nœuds au cerveau », ajoute la Bretonne qui compte faire simple et efficace, comme à son habitude. « Il va y avoir de vrais pièges sur cette étape. Elle risque de créer des écarts importants, ce qui n’est certainement pas pour me déplaire. Au final, j’ai peu à perdre et beaucoup à gagner ! », termine Élodie Bonafous. Verdict dans la journée de jeudi à Piriac-sur-Mer au terme de 470 milles promis plein de suspense !