Cinquième du Défi Azimut, à un mois du départ de la Transat Jacques Vabre, Yann Eliès confirme qu’il a une carte à jouer sur cette Transatlantique qui partira du Havre pour rejoindre Itajaï, le 25 Octobre prochain. Positionné dans le paquet de tête du début à la fin de cette épreuve remportée par Vincent Riou et Sébastien Col sur PRB, le skipper de Quéguiner - Leucémie Espoir a tenu la corde aux bateaux les plus performants de la classe IMOCA. Un résultat d’autant plus appréciable, que le briochin était privé de son binôme, Charlie Dalin, retenu sur la Generali Solo. En son absence, c’est avec son coach, Daniel Souben, que Yann a navigué. Et même si celui-ci n’a pas démérité, le tandem Elies/Dalin aurait encore mieux fonctionné !
Résolument dans le coup à un mois de la Transat Jacques Vabre
Vous terminez cinquièmes, au terme d’une belle bagarre avec Banque Populaire VIII, et ça s’est joué à pas grand chose pour être sur le podium. C’est hyper positif..?
«Oui, mais nous sommes un peu frustrés, car même si nous avons eu de bonnes phases, nous avons commis quelques erreurs qui nous ont coûté cher. Nous ne nous connaissons pas assez bien avec Daniel, et il n’a pas osé me réveiller à un moment important, où il fallait effectuer un changement de voile. Nous aurions dû envoyer le J1 sur le retour entre Saint-Nazaire et les Glénan, et ne l’ayant pas fait, nous avons laissé filer SMA et Maitre Coq. C’est là que nous avons perdu le plus. Sur la fin, nous nous sommes un peu loupés sur l’envoi du spi et Banque Populaire en a profité. C’est un peu rageant, mais nous nous en sortons bien, compte tenu du peu d’expérience que nous avons ensemble . »
Vous dites que c’est rageant, et en même temps, ce sont des erreurs dont vos concurrents ne pourront pas profiter quand Charlie sera de retour, c’est le bon coté ?
«Oui, c’est vrai. En tant que compétiteur, nous voulons toujours gagner, mais c’était la première fois que Daniel naviguait en double sur ce bateau. Quand on y réfléchit, c’est presque un exploit cette cinquième place ! En exagérant un peu, c’est comme si j’avais pris un mec sur le ponton, et que je lui avais dit, toi, tu vas faire de l’IMOCA, et ce serait pas mal que l’on gagne. Daniel est notre coach, donc il a une connaissance du support, mais ça n’a rien à voir de suivre de l’extérieur et d’être aux commandes. Et malgré tout, nous avons pris un très bon départ, et nous nous sommes bien bagarrés. Nous ne pouvions pas faire mieux !»
Vous disiez que chacun aurait l’occasion de s’exprimer compte tenu des conditions et des allures variées. Quel bilan dressez-vous ?
«Les foilers (bateaux à foils de la nouvelle génération, ndlr) vont quand même très vite au reaching, et ce sera compliqué de contenir leurs performances sur une course comme la Transat Jacques Vabre. Sur de petites boucles, nous arrivons à les tenir, mais sur de grands parcours au large, ce sera une autre histoire. J’espère que nous parviendrons à rester au contact malgré tout, pour avoir une épreuve aussi disputée que celle que nous venons de faire.»
Et vous dans tout cela ? Etes vous satisfait de votre nouvelle quille ?
«Nous, nous tâtonnons encore un peu sur les réglages des voiles, mais nous avons fait de gros progrès. Concernant la quille, nous avons le sentiment d’être un peu plus véloces au reaching et au portant. Nous sommes un tout petit peu plus lents dans le vent faible, mais rien de dramatique. Nous sommes contents, et je pense que nous devrions même gagner un peu de vitesse avec l’arrivée de notre nouvelle grand-voile. Nous serons au départ avec la meilleure configuration possible, ce qui n’était pas gagné compte tenu du temps et des moyens dont nous disposions. Nous avons un petit budget qui n’autorise aucune erreur, et nous avons bien géré cette préparation.»
Vous n’êtes pas là pour admirer le paysage, mais vous avez eu droit à une jolie lune et des conditions idéales…C’est important aussi de garder la notion de plaisir ?
«C’est vrai que c’était vraiment sympa. La lune était quasiment pleine, le ciel étoilé, il y avait quinze à vingt noeuds d’Est. C’était parfait, et c’était sans doute l’une des dernières belles navigations de l’année avant d’attaquer le train des dépressions de Nord-Ouest. Ce sera moins drôle en quittant le Havre ! »
Soucieux de ménager son équipe au moment d’entrer dans la dernière ligne droite avant le convoyage pour le Havre, Yann Eliès ne participera pas au Tour de l’Ile de Groix demain. Il sera à nouveau à l’entraînement dès mardi prochain, pour un dernier stage de trois jours organisé par le Pôle France Course au Large de Port-la-Fôret