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Corentin Douguet : « La victoire n’aurait pas été volée si elle avait été pour nous. »

Réputée pour son niveau d’engagement, ses rebondissements en pagaille et ses écarts généralement infimes, la CIC Normandy Channel Race a, cette année encore, tenu toutes ses promesses. Le suspense est, en effet, resté entier jusque dans les dernières longueurs de cette 13e édition avec, pour épilogue, un duel d’une intensité inversement proportionnelle aux conditions météo rencontrées sur l’eau entre les duos Ian Lipinski – Ambrogio Beccaria et Corentin Douguet – Yoann Richomme. Ces deux-là ont lutté intensément pour la première place jusqu’à l’arrivée pour finalement boucler les 1 000 milles du parcours avec un écart d’à peine 500 mètres, ce vendredi 20 mai, peu avant 5 heures. Si la situation a finalement tourné en faveur du tandem de Crédit Mutuel, le binôme de Quéguiner – Innoveo, qui a fait preuve à la fois de solidité et de détermination du début à la fin, signe assurément une très belle deuxième place.

Corentin Douguet et Yohann Richomme ? bord du Class 40 Queguiner-Innoveo deuxi?me de la CIC Normandy Channel Race 2022, Ouistreham le 20 mai 2022,
Photo ? Jean-Marie LIOT / CIC Normandy Channel Race
© Jean-Marie LIOT

« Tout s’est finalement joué dans les derniers milles, lorsque l’on s’est retrouvé sous gennak à tirer des bords dans 4 nœuds de vent, avec tantôt des ados et tantôt des refus, c’est-à-dire, un coup à droite, un coup à gauche. La dernière oscillation a été pour nos adversaires. Ils étaient sur notre gauche et paf. La victoire est méritée pour eux, mais elle n’aurait certainement pas été volée si elle avait été pour nous », a commenté Corentin Douguet à son arrivée, tôt ce matin, au terme de quatre jours et demi de course d’une incroyable intensité. Quatre jours et demi durant lesquels lui et son équipier, Yoann Richomme, ont indiscutablement fait preuve d’audace et de maitrise. « On savait avant de partir que cette CIC Normandy Channel Race serait exigeante. On connaissait la zone et on avait vu la météo. Ça a, de fait, commencé très fort. Ça a joué au ras des cailloux et on est passé dans des endroits un peu impossibles. Ça a demandé beaucoup d’engagement et on en a mis. La preuve, en approche de Portsall, on avait dix milles d’avance sur le reste de la flotte. On ne voyait plus personne à l’AIS. On s’est d’ailleurs retrouvé dans une espèce de faux rythme, sans personne pour vraiment nous mettre la pression puis tout est un peu parti en cacahuète à partir du moment où on a buté dans la pétole, ce qui a permis aux autres de revenir », a détaillé le skipper de Quéguiner – Innoveo qui pensait, à ce moment de la course, avoir fait le break après avoir déjà subi le retour de ses concurrents dans le Solent.

 

La découverte du bateau se poursuit

« On s’est alors retrouvé dans une phase où on a été un peu moins à l’aise mais on a pris des risques pour réussir à recoller au score ensuite, comme hier après-midi, à hauteur de La Hague. On est passé dans un trou d’à peine deux fois la longueur du bateau, avec 5 nœuds de jus. On savait que si on ne tentait pas ce coup-là, on ne passerait jamais avec le courant. C’était chaud mais cela nous a permis de revenir et de disputer la victoire finale », a souligné Corentin qui a repris les commandes de la flotte dans la nuit avant de les lâcher à moins de trois milles de l’arrivée. « C’est forcément un peu frustrant de faire deuxième quand on a réussi à reprendre la tête si proche de la ligne mais le bilan de la course est hyper positif sur plein de points et notamment parce qu’on a encore appris pas mal de choses sur le bateau », a détaillé le navigateur nantais qui signe son deuxième podium en deux courses après son éclatante victoire sur la 1000 Milles des Sables le mois dernier, et confirme qu’il va être un gros client lors de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. « Je pense qu’on a montré de belles choses. C’est dommage de ne pas avoir concrétisé par une première place mais ce n’est pas la fin du monde. Il y a eu de très nombreux retournements de situations, des nouveaux départs… On découvre encore le bateau et il y a des modes de fonctionnement que l’on ne connait pas parfois pas tout à fait, ce qui fait qu’on est un peu long à réagir, comme hier, lorsque l’on s’est fait doubler dans la nuit. Cela a pu nous mettre quelques doutes à certains moments mais on s’est bien battu jusqu’au bout. Ça a été une très belle expérience », a conclu de son côté Yoann Richomme. Sûr qu’elle sera précieuse pour la suite.