Yann Eliès : « A l’approche de l’arrivée, la pression monte un peu »
Que ce soit pour Jean-Pierre Dick, Jean Le Cam ou vous, l’objectif est identique en ce moment : il s’agit de se positionner au mieux en vue de la dépression qui arrive. Quelle est votre stratégie par rapport à ça ?
« J’ai choisi d’aller chercher la pression. Peut-être un petit peu trop tôt. C’est difficile à dire. Je ne sais pas encore où Jean a empanné. Je pense à l’intérieur, ce qui m’inquiète un peu car la route nord que nous avons faite, Jean-Pierre et moi, n’est pas facile. Et pour cause, quand tu progresses à 70° de la route, tu as intérêt à ce que ce soit payant car sinon, tu perds un paquet de terrain. J’ai d’ailleurs longuement hésité à empanner, hier soir. Mes deux routages me faisaient aller chercher cette pression mais en mon fort intérieur, j’aurais sans doute préféré empanner légèrement plus tard. On va voir. De toute manière, je me dis qu’on va arriver tous les trois en même temps avec ce front et que ça va se jouer en positions nord-sud sur la fin. Reste à savoir si ça va se terminer en ligne directe ou à tirer des bords. Ce matin, les deux routages que j’ai lancés font tirer des bords. J’ai l’impression que ça va faire comme lors de l’arrivée de la Transat New-York – Vendée : on va arriver tous les trois en l’espace d’une heure sur la ligne d’arrivée. »
On ne peut pas rêver beaucoup mieux pour garder le suspense jusqu’au bout de ce tour du monde…
« C’est clair et c’est sympa. On sait que l’on peut terminer 4e, 5e comme 6e. Pour ma part, je reste persuadé que ça va surtout se jouer entre 5e et 6e mais on peut toujours rêver. Quoi qu’il en soit, je commence à être un peu saturé et à avoir très envie d’arriver. J’ai hâte d’être à la maison, tranquille, au calme. Il me tarde de retrouver une vie normale, de faire du vélo… Cela étant dit, il me reste encore un peu plus de 1 000 milles à parcourir. Je dois donc rester vigilant. C’est sûr que si je déchirais ma grand-voile en deux ou si je démâtais, ça pourrait vite se transformer en chemin de croix. Il ne faut pas oublier ça, maintenant, c’est difficile de ne pas se projeter sur l’arrivée. Quatre jours, ça sent l’écurie ! »
Cela signifie-t-il que le rythme devient différent à bord de Quéguiner – Leucémie Espoir ?
« La pression monte un peu. Je suis un peu plus en mode « Figaro ». J’essaie de faire avancer le bateau un peu plus vite parce qu’il y a aussi la pression du résultat. J’aimerais bien faire cinquième minimum. En ce sens, j’essaie d’avoir un œil encore un peu plus précis sur la météo et de bien me concentrer sur mes choix de voiles. C’est important car si tu n’as pas la bonne voile ou si tu gardes trop longtemps la mauvaise, c’est tout de suite très pénalisant. Je tente donc de trouver le bon tempo car je sais que je ne peux pas non plus faire quatre jours à fond. Je pense même que ce serait une erreur car à ce stade de la course, il faut assurer l’essentiel : arriver. »