Troisième de la Solo Concarneau, Yann Eliès n'a pas décroché la victoire qui lui aurait permis de réaliser un joli triplé, après ses succès sur la Solo Basse Normandie et la Solo Maître Coq. Mais avec deux victoires, et un podium sur trois épreuves disputées, le skipper de Groupe Quéguiner - Leucémie Espoir reste l'homme fort de ce début de saison. Mal parti, mais auteur d'une superbe remontée, le briochin a encore fait montre de sa vitesse et de son talent pour retrouver les avant-postes. En embuscade jusqu'à la ligne d'arrivée, il n'a pas eu l'opportunité de faire la différence sur les derniers milles du parcours. Mais il conclut sa préparation en confiance, à deux semaines de la Solitaire du Figaro Eric Bompard cachemire.
Un podium pour clore la préparation
Mal partir et revenir fort, l'histoire se répète un peu, ça devient presque un classique...
«C'est vrai qu'une fois encore, j'ai réussi à bien revenir, mais je suis déçu de ne pas avoir pu m'emparer de la première place, c'est quand même le but du jeu. Remonter c'est bien, mais le mieux c'est encore de partir devant, c'est quand même plus facile. Je suis peut-être parti un peu trop tranquillement, en me disant qu'il y aurait plein d'opportunités, mais je n'ai pas su les saisir. J'ai vu les autres me passer sur le corps, et au bout d'un moment ça a commencé à m'énerver. J'ai du mal avec cette pointe bretonne, entre Penmarch' et le Raz de Sein, je n'y arrive pas, ça fait plusieurs courses que c'est comme ça. Et puis j'avais des algues dans mon arbre d'hélice. Je ne savais pas comment m'en débarrasser, si ce n'est en arrêtant le bateau et en plongeant, ce que j'ai failli faire, mais finalement elles sont parties. J'ai commencé à engranger les bons coups, et à remonter les petits copains un à un, après le Raz de Sein.»
Vous avez encore livré une belle bagarre jusqu'à la ligne d'arrivée. Corentin et Gildas ont bien cru qu'ils allaient se faire manger...
«C'est sûr que j'ai une bonne lecture de ce qu'il va se passer, de la trajectoire à prendre, et allié à une bonne vitesse, ça me permet de revenir très fort. Malheureusement sur la fin de parcours, il n'y avait pas du tout d'opportunités, c'était du tout droit. J'ai essayé de faire des petits décalages de trajectoire pour grignoter du terrain. Je suis un peu revenu sur Gildas mais pas suffisamment.»
Trois victoires et un podium, difficile de rêver mieux pour attaquer la Solitaire du Figaro?
«Trois victoires, ça m'aurait plu aussi ! Mais l'objectif, c'était de faire un podium à chaque course, donc le contrat est rempli, je suis en confiance et je me sens parfaitement prêt. J'avais un petit spi à valider, qui m'a donné entière satisfaction, et m'a permis de traverser la quasi totalité de la flotte au largue serré, c'est super positif. Il me reste un grand spi qui devrait être bien aussi, mais que je n'ai pas encore pu tester. Pour le reste, tous les petits détails que j'ai essayé d'améliorer sur les voiles sont positifs.
Justement il ne reste que deux semaines avant la Solitaire, est-ce que le bateau est parfaitement prêt ?
«J'aurais aimé recevoir mes voiles un peu plus tôt. Il me reste le grand spi à tester, mais j'espère pouvoir faire le convoyage jusqu'à Bordeaux avec, et à partir de là, oui, je serai définitivement prêt. Pour le reste, il faut que je garde le plaisir de naviguer, que je parvienne à ne pas m'énerver et ne pas trop stresser, et ça devrait très bien se passer.»
Vous aviez hâte de voir ce que ferait Gildas Mahé, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est en forme...
«Il n'a rien perdu de son talent, et il a démontré dès le début qu'il était là. Il a une énorme gniaque, mais il n'en demeure pas moins, qu'il n'a pas de budget, et que ce sera très compliqué de faire les quatre étapes de la Solitaire avec si peu d'argent. Ce serait bien qu'il trouve un peu de sous pour avoir un préparateur sur l'épreuve.»
Il reste 15 jours avant la Solitaire, comment allez-vous les occuper ?
«Il faudrait que je continue à faire un peu de sport, car je n'ai pas réussi à faire beaucoup de préparation physique depuis la Solo Maître Coq. Il faut que je sois un peu plus dans le travail physique que dans la récupération. Je vais faire un point avec «Enzo», mon préparateur, sur les deux ou trois détails qu'il reste à voir, et puis faire un bon convoyage jusqu'à Bordeaux, sans me mettre dans les bancs de sable ou les cailloux, pour amarrer le bateau proprement au port de la Lune à Bordeaux, le 22 mai prochain.»