Toujours à la bagarre avec Jean-Pierre Dick et Jean Le Cam, Yann Eliès, qui occupe la 6e position au dernier pointage du Vendée Globe, cavale sous grand gennak avec un ris dans la grand-voile, au beau milieu du Pacifique. Un Pacifique qui va se corser d’ici un à deux jours, avec l’arrivée de conditions assez aléatoires. Dès lors, il faudra faire des choix stratégiques importants pour atterrir au mieux sur le célèbre Horn, dans plus ou moins dix jours.
Yann Eliès : « Des choix stratégiques importants à venir »
Yann, comment, ça va aujourd’hui ?
« Ca va. Mine de rien, ça fait un moment qu’on est tout le temps par 50° Sud. L’eau est donc toujours froide et il ne fait pas chaud. En revanche, les nuits sont courtes et ça, c’est bien. Là, je suis en train de prendre mon petit déjeuner. Au menu : céréales. C’est agréable. Presque autant que les quelques pommes qu’il me reste. J’en ai encore quatre. Elles sont emballées dans du papier d’alu et, aussi incroyable que cela puisse paraître, elles sont encore super bonnes. Je les savoure car elles font partie des tous derniers trucs frais à bord. A vrai dire, au bout de 44 jours de mer, je commence à tourner un peu en rond au niveau de la bouffe. Le dernier mois risque d’être un peu long mais ça tombe bien car j’ai l’impression que j’ai un peu grossi (rires) ! »
Le moral ?
« Ces dernières 24 heures, c’est un peu dur parce que Jean-Pierre (Dick) se barre en avant du front et Jean (Le Cam) est revenu. Ce type de situation n’est jamais très plaisant mais c’est comme ça. Je savais qu’à un moment donné JP nous mettrait une cacahuète avec ses foils. Après, Jean navigue pas mal et en plus, derrière, il a eu des conditions plus favorables que moi. Maintenant, lui et moi, on n’est pas loin d’être à égalité. On va voir comment je m’en sors. Le point positif c’est que depuis quelques jours, notre trio est passé de près de 1 000 milles à 600 milles de retard sur le duo Paul Meilhat – Jérémie Beyou. Nous avons divisé de presque moitié notre retard et ce n’est pas rien. »
Un mot sur ce qui vous attend dans les prochaines 24-48 heures ?
« Ce qui nous attend ? Des vents portants pendant encore 24 heures, peut-être un peu plus. Après, ça risque de partir un peu en quenouille, avec des conditions assez aléatoires, des vents un peu dans tous les sens et des choix stratégiques importants à faire. A partir de là, il va falloir être patient, vigilant et choisir les bonnes trajectoires car ce ne sera pas simple. Les prévisions météo sont assez complexes d’autant qu’a priori, on va se reprendre une bonne dépression en arrivant sur le cap Horn avec encore jusqu’à 40 nœuds. Il reste encore dix jours à tenir avant de voir les conditions s’améliorer. »