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Yann Eliès : « Pas facile de trouver le bon compromis »

Ce mardi, Yann Eliès poursuit sa route au milieu de l’océan Indien et file à 17-18 nœuds de moyenne, propulsé par un bon flux de nord-ouest. Il le dit lui-même, ça va vite mais c’est inconfortable en raison de l’état de la mer. Aussi, bien qu’il ait réussi à éviter le plus gros du mauvais temps le week-end dernier et qu’il bénéficie, actuellement, de conditions maniables, il continue de rester extrêmement vigilant. Interview. 

IMOCA QUEGUINER - LEUCEMIE ESPOIR 2016
© Alexis Courcoux

Comment ça se passe, aujourd’hui, à bord de Quéguiner – Leucémie Espoir ?

« Ca va. On progresse assez rapidement dans un vent de secteur nord-ouest qui va nous accompagner pendant encore 48 heures, comme ça, en bâbord amure. C’est rapide mais inconfortable. Je suis toujours un peu moins rapide que mon gars Jean-Pierre. Pour l’heure, il turbine comme un fou et se bat avec un front. J’espère qu’il va finir par se faire manger. En ce qui nous concerne, on est pas mal revenu sur Jérémie (Beyou, ndlr). On n’est plus qu’à 200 milles de lui, ce qui est plutôt pas mal. Quand je vois dans quel merdier s’est foutu Sébastien Josse, je me dis que j’ai bien fait de la contourner cette vilaine dépression ! Franchement, j’ai eu peur pour lui hier soir. Ca rappelle qu’il faut vraiment faire gaffe, surtout que les routages nous voient aller beaucoup plus vite que ce qu’on fait sur l’eau en réalité. La cause ? Les conditions de mer sont tout le temps défavorables. Il faut donc prendre énormément de marge par rapport à ce qu’ils indiquent et ne pas toujours les écouter. »

Vous parlez de conditions de mer inconfortables. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

« Le problème, en fait, c’est que pour aller vite, il faut être couché sur l’eau et moi, je n’aime pas car ça tire partout : sur le système de gouvernail, sur les écoutes… En fait, on a une espèce de houle qui nous prend sur le côté et elle est à la fois très longue et très haute. Du coup, on passe de 15 à 30° de gîte en haut de la vague. Si tu veux être bien réglé en haut de la vague, tu reçois quand tu es en bas et inversement. Ce n’est donc pas facile de trouver le bon compromis. J’avoue que j’ai un peu de mal alors je continue d’avancer tranquillement. Je n’ai pas trop la pression par rapport au front pour l’instant. Je l’aurai plutôt mercredi dans la journée pour ne pas me faire dépasser par lui. J’ai encore un peu de marge mais j’aimerais avancer un peu plus vite quand même. »

Il semble bien difficile de trouver le bon rythme…

« Oui parce que tu vis penché et que tu as constamment l’impression de ne pas être bien réglé. Cela dit, on ne va pas trop se plaindre car on avance bien vers le but. De plus, le bateau reste encore à peu près en bon état et le bonhomme aussi ! »