Troisième à franchir la ligne d’arrivée de la deuxième étape de la Solitaire du Figaro, au terme d’un duel de toute beauté avec Xavier Macaire, Yann Eliès s’empare des commandes du classement général pour avoir franchi la ligne d’arrivée avec moins de deux minutes de retard sur son prédécesseur. Parti de La Corogne, mercredi dernier, dans un vent soutenu, le skipper de groupe Quéguiner - Leucémie Espoir a su d’entrée, choisir les bonnes options, sur une étape qui à défaut d’être longue, promettait de se jouer dans une météo capricieuse. Rapidement positionné aux avant-postes, le briochin avait les cartes en main pour s’emparer des commandes de la flotte, mais Sébastien Simon a pris la poudre d’escampette pour mener la danse jusqu’à la ligne d’arrivée. Une performance saluée par le double vainqueur de l’épreuve, dont les premiers mots étaient destinés au jeune skipper de 25 ans. Et ce avant même que la première question des médias ne lui soit posée.
Leader, à mi-parcours !
" Bravo beau gosse ! Tu te demandais si c’était faisable, et tu l’as fait, avec la manière en plus. Tu as trouvé un bon petit trou de souris, et tu nous a mis minables ! Tu m’as impressionné. J’étais persuadé que l’on allait te fondre dessus et pas moyen. Pas un mille ! Comme Xavier d’ailleurs. Je me suis énervé pendant 36 heures derrière lui, à essayer de le doubler, et rien. Pas un mètre ! "
Yann, c’est une première pour Sébastien. Vous, vous courrez derrière une dixième victoire d’étape. Elle attendra…
«Oui, car de toute façon, il faut faire une course parfaite pour gagner des étapes, et jusqu’à maintenant, j’ai fait de belles choses, mais il y a toujours eu un petit truc qui m’a manqué. Thierry et Sébastien eux ont fait des courses parfaites, et je vais essayer d’en claquer une à mon tour avant la fin.»
Vous êtes premier du classement général. La course est loin d’être terminée, mais est-ce que vous pensez déjà au triplé ?
«Il est encore trop tôt pour y penser. Je suis premier pour quatre petites minutes seulement. Ca donne une idée de l’intensité qu’il va y avoir sur les deux dernières étapes. Ca va se jouer à la minute. Il va falloir se battre seconde par seconde. A la fin, je repensais à Armel le Cléac’h, vainqueur pour treize secondes d’avance sur Alain Gautier, et je me disais que toutes les secondes allaient compter pour nous aussi. Ca va être super serré.»
Vous vous êtes bien battu avec Xavier Macaire. C’est une bagarre comme on les aime, de celles qui font le panache de cette épreuve ?
«Oui c’est vrai, même si le scénario idéal aurait été d’arriver avec une heure d’avance sur les petits copains. Je suis content, et en même temps, un peu frustré de ne pas avoir réussi à les doubler. J’ai eu un petit déficit de vitesse. Il faut que j’arrive à claquer une étape, et avec la manière. Si possible, la dernière ce serait bien.»
Vous avez eu de jolis mots pour Sébastien et on sent que c’est vraiment sincère. Vous êtes content de voir les petits jeunes réussir?
«Je suis super content pour lui. C’est une chance énorme de claquer une manche dès sa deuxième épreuve, j’en aurais rêvé moi quand j’étais gamin. Je me mets à sa place, et je pense que c’est un rêve de gosse qui se réalise pour lui. Il a super bien navigué. Ce n’est pas un coup de chance, car on le voit progresser depuis deux ans. C’est un futur grand champion, on peut le dire quand on gagne une étape. Après il faut confirmer pour gagner une Solitaire, mais il rentre déjà dans la Cour des Grands.»
La troisième étape va arriver vite. Comment vous sentez-vous physiquement ?
«Ca ne va pas être facile de repartir aussi vite, mais nous ne sommes pas trop claqués. Dès que les conditions n’étaient pas trop compliquées, au portant, on essayait de dormir, car on savait que la troisième étape repartirait rapidement.»
Le départ de la troisième étape entre La Cornouaille et Torbay sera effectivement donné ce dimanche à 16 heures devant Concarneau, Les marins n’auront donc que très peu de temps pour récupérer et préparer leur navigation avant de rejoindre la station balnéaire du Sud de l’Angleterre.