Arrivée à Sanxenxo dans la nuit de mercredi à jeudi, les concurrents de la Solitaire du Figaro s’apprêtent déjà à repartir pour la deuxième étape en direction de Concarneau. Tout juste remis d'une fin d’étape éprouvante, Yann Eliès et ses camarades de jeu ne sont pas pressés de reprendre la mer, compte tenu des conditions annoncées. 35 à 40 noeuds les attendent pour ce retour en France. Si pour l’instant, le Directeur de Course se refuse à reporter le départ prévu demain à 13 heures, le parcours, lui, a été modifié pour éviter les vents les plus violents. Mais le coup d’envoi, s’il est maintenu, aura tout d’un départ au front !
Etape 2: «On part au combat ! »
Une récupération difficile
A nouveau en forme, ce matin, après une nuit réparatrice, Yann Eliès s’est enfin remis de son arrivée éreintante à Sanxenxo. Deuxième à franchir la ligne d’arrivée de la première étape, après avoir bataillé plus de quatre heures dans une baie sans vent, le skipper de Groupe Quéguiner - Leucémie Espoir avoue avoir eu du mal à récupérer. «Je viens de faire une grasse matinée, et ça m’a fait énormément de bien, car je n’avais quasiment pas réussi à dormir jusqu’ici. J’avais fait une petite sieste d’une heure et demie après l’arrivée, et la nuit suivante, impossible de trouver le sommeil. Ca a été difficile de se détendre après le supplice des dernières heures de course. C’était une fin extrêmement frustrante». Faute de dormir, le briochin est allé surfer à l’aube vendredi matin. Outre cette parenthèse dans les vagues, il a laissé son corps entre les mains des kinésithérapeutes - ostéopathes, comme il en a l’habitude : «Je suis allé faire des séances tous les jours. C’est important pour récupérer, surtout que l’on va repartir sur une étape très difficile physiquement. Des vents de 35 nœuds nous attendent. On va souffrir» assurait Yann.
Un parcours modifié
En effet, des conditions dantesques sont attendues sur la deuxième étape qui emmènera la flotte de Sanxenxo à Concarneau. Si le départ prévu demain à 13 heures ne devrait pas être reporté malgré la requête des figaristes, le parcours lui, a été modifié. Par mesure de sécurité, le directeur de course a établi un nouveau tracé qui obligera la flotte à longer les côtes espagnoles jusqu’à Gijon. «Je suis assez content de ce nouveau parcours, car non seulement il devrait nous permettre d’avoir un peu moins de vent, mais surtout il rajoute une petite pincée de stratégie et de tactique», commentait Yann à propos de cette décision «Chaque pointe sera hyper compliquée à négocier, il va falloir enchainer plus de virements de bord et de changements de voile. Mais ce sera plus intéressant que de monter en deux bords à Concarneau.» ajoutait-il. Une fois longées les côtes espagnoles, Yann et ses petits camarades entameront la traversée du Golfe de Gascogne pour rejoindre le Sud du Finistère. Quelques orages pourraient s’inviter sur le parcours, et ajouter de la difficulté à un scénario déjà bien compliqué. «Une dépression orageuse va se former sur le Sud-Ouest de la France, et elle va monter plein Nord avec nous. Il faudra suivre sa trajectoire, car elle pourrait perturber le scénario prévu, et amener des situations un peu tordues.»
Casse et abandons en perspective
Deuxième du classement général, à l’issue de cette première étape, Yann a réussi à se glisser dans le haut du tableau, là ou d’autres ont déjà hypothéqué leurs chances de victoire. Si habituellement, l’objectif serait de se maintenir aux avant-postes, et de marquer les adversaires les plus proches, les conditions rencontrées laisseront peu de place à ce type de réflexion : «La priorité, ce sera déjà de rallier Concarneau sans trop de casse pour le bonhomme, comme pour le bateau. Lorsque l’on regarde les pourcentages, habituellement, on évolue dans 20 à 25 noeuds de vent pendant 50% du temps. Là, on va avoir 30 nœuds. Si l’on rajoute deux ou trois mètres de creux, ça laisse peu de place à la régate.» Malgré les mesures prises par le Comité de course, cette étape devrait ressembler à une véritable bataille contre les éléments. Prêt à subir les foudres de Dame Nature, Yann aborde cette épreuve comme un départ au front «On part au combat, et une chose est sûre, il va y avoir des pertes et de la casse sur cette étape. On va affronter la mer et le vent de face pendant trois jours, et les plus faibles seront tentés d’abandonner en passant près des ports. Il faudra être fort mentalement pour ne pas lâcher. J’ai le bon bateau, j’ai l’expérience, et j’espère tenir, car je sais que l’on va perdre quelques concurrents au passage.»