Deuxième à franchir la ligne d’arrivée de la première étape de la Solitaire du Figaro, entre Pauillac et Sanxenxo, Yann Eliès débute parfaitement la 46ème édition de la reine des classiques. Mal parti dans l’estuaire de la Gironde, le skipper de Groupe Quéguiner - Leucémie Espoir a su revenir rapidement aux avant-postes pour truster les plus beaux fauteuils sur la quasi totalité du parcours. Tantôt chasseur, souvent chassé, le briochin coupe finalement la ligne dans le sillage de Thierry Chabagny, vainqueur pour 15min et 03sec d’avance, après une lutte de tous les instants dans un vent quasi inexistant. Arrivé à 02h26, après 3 jours, 9 heures et 26 minutes de course, Yann revient sur une entrée en matière particulièrement éprouvante.
Deuxième, au terme d’un finish haletant !
Ce n’est pas la gagne, mais terminer deuxième d’une telle étape, c’est déjà en soi une belle victoire ?
Oui c’est très bien, parce que c’est une étape qui va créer des écarts, faire un peu le ménage, et c’était important d’être dans le bon paquet. On a eu le droit à un finish haletant. C’était extrêmement long. On a dû rester quatre ou cinq heures dans la baie, à avancer très lentement, avec très peu de vent. C’était un peu le supplice, mais j’ai réussi à conserver ma deuxième place donc je suis content. A un moment donné, je suis repassé devant Thierry, j’y ai cru dur comme fer, mais il a eu le dernier mot.
Justement, vous êtes revenu, puis il est repassé devant. Est-ce que vous avez le sentiment d’avoir fait une petite erreur sur la fin?
Non je ne pense pas avoir fait d’erreur. Quand je l’ai vu devenir de plus en plus gros, je me suis dit que je pouvais le passer, mais il a bien géré la fin de sa course. Après, je suis content pour lui parce que Thierry n’avait encore jamais gagné d’étape. Et depuis le temps qu’il court après, c’est bien qu’il tienne enfin une victoire. Ca aurait été dur pour lui, de mener, d’arriver en tête, et finalement de ne pas gagner.
Qu’est-ce que vous avez pensé de la concurrence sur cette étape ?
On s’est beaucoup croisé avec Thierry et Alexis Loison. Il y avait aussi Xavier Macaire, et Charlie Dalin. Gildas Morvan et Jérémie Beyou eux, étaient un peu moins devant. Jérémie a été moins incisif que d’habitude, mais toujours présent. D’une manière générale, nous sommes cinq ou six à avoir dominé toute l’étape, donc c’est bien que nous soyons arrivés à peu près dans cet ordre là, et sans trop d’écarts entre nous.
Un groupe emmené par Gildas Mahé, avait fait le pari d’aller dans l’ouest. Finalement ces figaristes ont beaucoup perdu sur cette option. C’était risqué ?
On ne les voyait plus, et c’était assez stressant car nous avions peur qu’ils croisent devant mais finalement ça n’a pas payé. Je pense que quand tu as un paquet comme celui dans lequel nous étions nous, avec des compétences et de l’analyse, c’était une erreur d‘aller de l’autre côté. Il y a des fois, c’est bien de tenter des choses, mais quand les six favoris sont dans l’autre paquet, c’est un peu chaud. Ca se joue à pile ou face, mais si tu te le prends en pleine tête, tu ne peux pas pleurer.
C’était compliqué pour une entrée en matière… Vous avez eu des conditions très changeantes. Mais ces transitions vous on plutôt réussi, non ?
Oui ça n’était pas évident car on a eu beaucoup de situations complexes et variées à négocier. De ce point de vue, cette étape n’était pas facile mais je suis bien rentré dans ma Solitaire, de belle manière. Je n’ai pas choisi le bon côté sur le départ c’est dommage, mais j’ai réussi à me remettre dedans tout de suite et à créer de l’écart dans la dorsale. Dès qu’il y a des changements de trajectoires à négocier, je me sens vraiment à l’aise, et c’est très positif.
Vous aviez eu vos voiles un peu tard, mais vous aviez l’air rapide. Est ce que vous êtes content de votre vitesse à toutes les allures ?
Oui, je vais bien à toutes les allures, sauf au près dans la brise. Mais je sais que je peux progresser, j’ai trouvé des solutions sur la fin. Charlin Dalin lui, est impressionnant dans ces conditions. Il nous a fait une belle démonstration. Je savais qu’il était rapide, mais là, je me dis que s’il y a une étape tout au près, il sera dur à accrocher.
Vous n’avez pas eu beaucoup de répit. Est-ce que vous avez pu dormir un peu ? Comment vous sentez-vous physiquement?
J’avais une rage de dents en partant, donc j’ai pris des antibiotiques, et ça m’a mis un peu dans le gaz. Je ne me suis pas senti en grande forme. J’espère que les prochaines étapes seront un peu plus faciles en terme de récupération. Là, je suis à table avec les copains. Je me suis fait une petite soupe, avec un peu de charcuterie espagnole, et après je vais manger un bon steak et une tortilla, et je vais boire une bonne bière pour accompagner tout ça. Ce sera la récompense après cinq heures d’efforts sans avancer.