Comme on s’y attendait, cette 41e édition de la Solo Concarneau – Trophée Guy Cotten s’est révélée très technique mais aussi très complexe, avec notamment une zone de molle à négocier entre les Glénan et les Birvideaux qui a créé des écarts importants au sein de la flotte. Dans le match d’entrée de jeu, Yann Eliès a, pour sa part, parfaitement bien géré sa course et les différentes zones de transitions. Le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir, qui commence petit à petit à recharger les batteries après son Vendée Globe puis à reprendre ses marques sur son Figaro Bénéteau, s’est ainsi emparé de la troisième place après une belle bagarre avec Charlie Dalin et Erwan Tabarly, respectivement premier et deuxième.
Yann Eliès : « Content de régater devant, au contact »
Vous terminez troisième, à seulement 2 minutes 35 du vainqueur et 42 secondes du deuxième. La bagarre a été intense et la course n’a pas été simple. Pouvez-vous nous raconter ?
« Bizarrement, j’ai l’impression que la course a été simple, mais c’est sans doute parce qu’elle s’est bien déroulée pour moi. Nous avons eu une première phase de transition intéressante avec l’établissement d’une brise thermique à négocier quasiment dès le départ. Elle n’a pas créé beaucoup d’écarts mais elle m’a cependant permis d’enrouler les Moutons en tête. Toute la première partie a été agréable. J’étais vraiment content de régater devant, au contact. A un moment donné, Nicolas Lunven m’a doublé grâce à un léger petit plus en vitesse mais il n’a jamais été très loin. Ensuite, nous avons abordé une nouvelle zone de transition, entre les Glénan et les Birvideaux. Là, il a fallu faire très attention de ne pas commettre LA grosse faute. J’ai été tenté d’aller à terre mais j’ai vite percuté que ça sentait mauvais. A ce moment, c’est vraiment l’expérience qui a parlé. Au final, j’ai plutôt bien réussi à négocier la molle, sans jamais rentrer dedans, même si elle s’est avérée bien différente que ce qui était prévu. J’ai toutefois été surpris à la sortie car si je m’attendais à la bascule du vent, je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit si importante. »
C’est clairement le moment clé de la course. Celui qui a éclaté la flotte…
« Oui. C’était le moment à ne pas rater. Après, le vent a été beaucoup plus stable. Il y a, évidemment, eu des trucs à aller chercher, mais vraiment pas grand-chose. J’ai quand même eu un peu peur de tomber dans de la grosse grosse molle dans le chenal de la Teignouse, en baie de Quiberon. Heureusement, c’est vite reparti car ceux de derrière, Thierry Chabagny et Benjamin Dutreux en l’occurrence, sont revenus comme des balles à ce moment-là. J’ai redouté que tout s’écroule mais ça a été »
Ce que vous retiendrez de cette Solo Concarneau ?
« Avant tout que nous avons été vraiment très chanceux car nous avons bénéficié de super conditions de nav. J’ai, par ailleurs, testé des voiles Incidences sur cette course et j’ai eu le sentiment de progresser dans des compartiments du jeu qui ne m’ont pas toujours été très favorables par le passé, au près notamment, sans perdre pour autant aux autres allures. Au portant, en revanche, j’ai eu quelques trous à certains moments mais c’est lié au fait que je n’avais plus navigué dans du petit temps depuis longtemps et que, par conséquent, je manquais un peu de repères. »
Les sensations et les automatismes semblent néanmoins revenir vite…
« Ça revient petit à petit mais je manque encore un peu d’engagement. Je n’arrive pas encore à être au taquet tout du long. Il y a même des moments où je fatigue un peu, même si ça ne se voit pas trop en termes de résultats. Un mec comme Charlie Dalin, par exemple, est vraiment dessus en permanence. Je dois parvenir à être plus engagé mentalement et je vais travailler dans ce sens. Jusqu’ici, mon point fort en Figaro, c’était de réussir à continuer d’aller vite, même en dormant. C’est quelque chose que je dois cultiver de nouveau mais pour ça, je dois aussi continuer de recharger mes batteries. C’est toujours mon programme d’ici au départ de la Solo Maître Coq. Je vais donc peu naviguer mais poursuivre à fond la préparation physique. »