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Ballasté et matossé à fond !

« Ici c’est un peu Verdun. On a des conditions un peu « casse-bateau ». Je navigue sous J2, avec un ris dans la grand-voile. Selon les fichiers, il y a encore quatre ou cinq heures comme ça avant que ça mollisse. On mange la partie difficile du parcours entre le cap Horn et le virement de bord pour attraper les alizés. On commence à stresser un peu pour le matériel. Ce sont des allures où les contraintes sont élevées », a indiqué Yann Eliès lors d’une vacation officielle, ce mercredi.

Yann Elies, skipper du monocoque Imoca Groupe Queguiner-Leucemie Espoir en vue de la Transat Jacques Vabre 2015
© Alexis Courcoux

De fait, depuis hier, le skipper progresse au près dans 30 nœuds de vent et ça tape fort. « On est ballasté à fond, matossé à fond. Comme on est au contact, on hésite à y aller piano. Si j’étais tout seul je n’attaquerais pas comme ça. Et encore, je ne suis pas le plus rapide donc ça veut dire que mes autres compères tapent encore plus dedans », a commenté le marin qui s’est effectivement un peu refait distancer par Jean-Pierre Dick ces dernières 24 heures, puis fait reprendre une quinzaine de milles par Jean Le Cam. Reste que le moral est bon à bord de Quéguiner – Leucémie Espoir. « Pour un marin qui vient de 58° sud, c’est l’été à présent. J’ai pris une douche intégrale à l’avant du bateau, dans les embruns. Ça fouettait un peu mais je suis ressorti de là mieux qu’avant. Ça fait du bien de se laver de la tête aux pieds, même si c’est avec de l’eau de mer encore un peu froide. C’est un luxe que je ne m’étais pas payé depuis le cap de Bonne Espérance. Un à un les oiseaux du grand sud nous quittent. On est content de quitter cette zone là mais on se demande quand on y retournera. La dernière fois c’était il y a un paquet de temps. J’espère ne pas attendre onze années supplémentaires pour y revenir. Ça reste des endroits où on ne passe pas souvent donc il y a un peu de nostalgie », a ajouté Yann qui progresse en bâbord amure et qui devrait y rester encore trois jours. « Il faut avoir de la patience dans ces conditions-là. C’est un peu monotone donc c’est films et bouquins. Je commence aussi à me projeter sur 2017 pour savoir ce que je vais faire après le Vendée Globe, comme tous ceux qui ont repris l’école et le bureau », a-t-il conclut.