Après avoir déjà franchi le Horn en 2002 sur d’Orange puis en 2005 à bord d’Orange 2 dans le cadre du Trophée Jules Verne, Yann Eliès a débordé le cap mythique pour la troisième fois de sa carrière, hier, à 17h56, après 54 jours 04 heures et 54 minutes de mer.
Et de trois !
« Le cabo de Hornos. Ces quelques mots suffissent à éveiller l’attention, le mythe, le rêve, la peur, la mort et bien plus encore. Il y a cap Horn et cap Horn. Nous, Vendée Globistes, nous avons droit à une des formes les plus emblématiques de ce passage entre Chili et Antarctique. Deux océans, trois caps font de vous un marin capable de pisser au vent et de porter une boucle d’oreille. Mais les vrais cap-Horniers étaient ceux qui mettaient autant de temps à le contourner que nous avons mis à franchir ces deux océans. Passer le cap, pour rejoindre Valparaiso ou San Francisco sur un trois ou quatre mât, pouvait prendre des semaines et vous faire voir le continent blanc. Combien de gabiers y sont restés ? », a écrit le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir peu après son passage de l’extrémité sud de l’archipel de la Terre de Feu qu’il a, malheureusement, à peine vu. « Un petit problème technique survenu lors du dernier empannage avant le passage m’a un peu gâché le plaisir. Comme s’il n’y avait pas le droit de le passer sourire aux lèvres et l’esprit relâché. Heureusement, quelques minutes avant cet empannage de m….., j’ai pu prendre le temps d’apercevoir la côte enneiger entre deux nuages », a noté Yann qui a dû s’atteler à un peu de couture, la nuit dernière, afin de réparer sa grand-voile légèrement déchirée sur la chute, entre le troisième et le quatrième ris. « C’est la première côte que j’ai revu depuis Madère. J’ai même eu le sentiment de reconnaitre l’odeur de la Terre : quelque chose à mi-chemin entre terre et végétation. Ca commence à manquer toutes ces sensations. La mer est même devenue couleur marron à l’approche des terres, mais pas bien longtemps. Il fallait empanner de nouveau… ».