Victime d’un choc avec un OFNI (objet flottant non identifié) ayant entraîné une déchirure de son puits de dérive bâbord, ce matin, alors qu’il évoluait dans le groupe de tête de la Transat New-York – Vendée à une petite centaine de milles au large de Newport, Yann Eliès s’est, comme annoncé, dérouté vers Newport avec l’idée de réparer au plus vite, puis de repartir en course. Arrivé sur place où l’attendait déjà son équipe technique aux environs de 19 heures (heure française), le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir est actuellement en train d’évaluer l’étendue des dégâts. Pour l’heure, il estime être en mesure de reprendre la mer d’ici 24 à 48 heures. Entretien.
« Evaluer les dégâts et faire en sorte de repartir au plus vite »
Yann, que s’est-il passé ?
« Je progressais au reaching à 15-17 nœuds de moyenne. Le choc a été assez violent car le bateau s’est bien arrêté. Dans un premier temps, je suis allé voir l’étrave en me demandant si je n’avais pas percuté une bouée puis, constatant qu’il n’y avait pas de souci à cet endroit, j’ai directement filé au niveau de la dérive et là, j’ai tout de suite vu qu’il y avait une voie d’eau. Cogner un truc dans cette zone est quelque chose que je redoutais avant même le départ car je savais, comme les autres, que ça risquait d’être un peu compliqué avec les nombreux animaux qui y traînent. Malgré les précautions de la direction de course, qui avait mis en place une zone d’exclusion pour limiter ce genre de pépins, nous sommes plus de cinq à avoir tapé. Nous ne l’avons pas tous fait de la même façon. Certains auront sans doute un peu plus de chance que d’autres, avec des dommages un peu moins sérieux mais c’est sûr que le fait d’être lancés au portant comme nous l’étions a augmenté la puissance des impacts. »
La décision de vous dérouter a-t-elle été évidente pour vous ?
« Au final, le puits est quand même bien abîmé. La preuve, j’ai rentré entre 50 et 100 litres d’eau par heure dans le bateau sur la route de Newport. C’est le type de chose que l’on n’endigue pas avec une éponge ! D’ailleurs, j’ai dû faire marcher la pompe tous les quarts d’heures pour vider. Je n’ai aucun doute sur le fait que j’ai bien fait de faire demi-tour. C’était vraiment plus sûr, car traverser l’Atlantique avec une telle voie d’eau, et avec le risque qu’elle s’aggrave, ça n’aurait pas franchement été raisonnable, surtout à six moins du départ du Vendée Globe ».
Les évaluations des dommages sont-elles terminées ?
« Pas encore. Pour l’instant, nous essayons toujours de sortir la dérive qui reste bloquée dans le puits. Une fois que ce sera fait, nous pourrons établir avec précision l’étendue des dégâts, à la fois sur l’appendice lui-même et dans le puits. Notre spécialiste composite (Ronan Cointo, ndlr) estime qu’avec les temps de collage et séchage liés à la stratification, je ne pourrais, de toutes les façons, pas repartir avant 24 ou 48 heures. Quoi qu’il en soit, mon objectif reste de boucler cette transat et ainsi de décrocher ma qualification pour le Vendée Globe. Je n’ai pas de pression particulière au niveau timing même si, bien sûr, j’ai envie d’être en mesure de quitter Newport le plus vite possible. Nous allons attendre de voir l’ampleur des dégâts chez les copains qui ne devraient plus tarder à arriver à Newport, et peut-être que nous repartirons tous ensemble pour rejoindre les Sables d’Olonne, un peu comme un deuxième départ. Qui sait ? ».