Rentré à Lorient samedi soir, après un convoyage musclé entre la Guadeloupe et le Morbihan, Yann Eliès vient de boucler une saison riche en émotions et en résultats. Officiellement en vacances, le skipper de Quéguiner - Leucémie Espoir profitera des fêtes en famille, tandis que son IMOCA rejoindra son hangar pour un long chantier hivernal. Optimisé en vue de la saison 2016, dont l’objectif reste le départ du Vendée Globe le six novembre prochain, le monocoque sera remis à l’eau début avril. Le temps pour le briochin de mettre l’accent sur sa préparation physique, pour revenir plus affûté que jamais.
Moth à foil sous le sapin et IMOCA en chantier, c’est les vacances pour Yann Eliès !
«Nous sommes arrivés samedi, vers 18 heures, et c’était parfait, car j’étais attendu le soir même pour fêter Noël dans ma belle famille», nous confie Yann tout sourire, dimanche après-midi. Partis de Guadeloupe le huit décembre dernier, pour rejoindre son port d’attache dans un timing parfait, le briochin ne cache pas son plaisir d’être enfin en vacances, après une saison riche, en Figaro comme en IMOCA. Entré dans le cercle fermé des triples vainqueurs de la Reine des Solitaire, puis deuxième de la Fastnet Race et troisième de la Transat Jacques Vabre sur son 60 pieds, le skipper de Quéguiner - Leucémie Espoir s’est fait plaisir, mais il avoue sans complexe, son désir de faire un break : « j’ai besoin de fermer les écoutilles, et de faire un «black out» complet. Je vais donc m’écarter du bateau quelques semaines, pour prendre des journées de repos bien méritées.» Et Yann est d’autant plus heureux de souffler, que Dame Nature ne les a pas ménagés, lui et son préparateur Vincent Busnel (dit Enzo), sur ce convoyage entre les Antilles et le Morbihan.
«Une traversée Virile »
«Nous avons eu droit à une traversée virile » confie Yann, après avoir essuyé des vents de 50 à 60 noeuds, et affronté des creux de six à huit mètres dans cette traversée de l’Atlantique. «Nous sommes contents d’être arrivés avec un bateau en bon état. C’était l’objectif. Et puis, ça m’a permis de mieux connaître les limites dans de telles conditions, car ce n’est pas à l’entraînement que nous chercherons à faire du portant dans 55 noeuds !» souligne Yann, qui a eu une pensée toute particulière pour Paul Meilhat, la semaine dernière. Blessé, alors qu’il occupait la deuxième place sur la Transat B to B, le skipper de SMA a attendu les secours une nuit entière. De quoi rappeler de mauvais souvenirs au briochin qui, en 2008, sur le Vendée Globe, avait attendu 48 heures après s’être fracturé le fémur au large de l’Australie. «J’ai tout de suite appelé Paul pour lui donner un peu de courage, et nous avons presque rigolé lorsque je lui ai dit qu’il allait avoir la chance de rentrer en hélico. Comme moi, son sauvetage a été un peu épique. Ca nous rappelle à tous, qu’à partir d’un petit problème technique, la situation peut vite dégénérer lorsque les conditions sont engagées. Il faut rester vigilant», explique Yann à propos de cet accident.
Un vaste chantier en perspective
Sorti de l’eau ce matin, le monocoque de Yann Eliès va rejoindre un hangar où il sera optimisé tout l’hiver, selon plusieurs objectifs détaillés par Ronan Deshayes, le directeur technique du projet : «Sans tout révolutionner, nous avons prévu des travaux assez importants. Nous allons refaire la peinture de la quille, et tenter de comprendre ce qu’il s’est passé à ce niveau là (décollage de la peinture lors de la Transat Jacques Vabre). Nous allons aussi changer notre système de safran et refaire les aménagements intérieurs et extérieurs du bateau, pour améliorer le confort de Yann» explique Ronan. Entré en chantier dans un timing plus que satisfaisant au regard de celui des concurrents, le monocoque de Yann devrait être remis à l’eau début avril, pour disputer The Transat, entre Plymouth et New-York au mois de mai. D’ici là, le briochin aura le temps de tester son nouveau jouet. Il semblerait que le Père Noël ait prévu de lui glisser un Moth à foil sous le sapin … Joyeux Noël !!