Entrés hier soir dans le Pot-au-Noir, le duo de Quéguiner – Leucémie Espoir et les deux autres leaders de la flotte IMOCA de la 12e Transat Jacques Vabre progressent actuellement au près, dans des petits airs relativement stables. Leurs vitesses sont loin d’être fulgurantes, c’est certain, mais il semble que les miasmes équatoriaux de la zone aient décidé de les épargner un peu plus que leurs copains en Ultime. Yann Eliès et Charlie Dalin restent cependant particulièrement vigilants et n’envisagent pas être réellement sortis d’affaire avant demain matin. Ils savent que ce n’est qu’à ce moment-là que l’on pourra vraiment compter les points. Pour l’heure, en tous les cas, leur léger décalage dans l’ouest par rapport à leurs adversaires directs et leur feeling hors-normes dans le petit temps leur ont permis de revenir à moins de 1 mille du premier… et de jongler, ce midi, entre la deuxième et la première position au classement !.
Yann Eliès : « Pas encore sortis d’affaire avec ce Pot-au-Noir »
« Pour l’instant, nous n’avons pas trop à nous plaindre car nous ne nous sommes jamais vraiment arrêtés. Mieux, ce matin, le Pot-au-Noir nous a réservé un joli lever de soleil et pas trop de nuages. En fait, c’est presque louche ! Ca sent même le coup fourré du Pot qui vous fait croire que ça s’est bien passé alors qu’en fait, il va vous mettre une louche de rabe dans les heures qui viennent », a déclaré Yann Eliès, ce matin, qui trouve les choses « presque » trop faciles jusqu’ici. N’empêche, lui et Charlie n’ont pas ménagé leurs efforts depuis hier soir car en plus de la pétole, ils doivent composer avec une houle de face. Autant dire que dans ces conditions la finesse de barre, tout comme celle des réglages, est éminemment importante. « On est à fond dedans. Yann est très à l’aise dans ce type de temps. Il a le feeling, l’expérience, les bonnes idées sur les choix de voiles et les compromis à faire », a détaillé le co-skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir qui comptait manifestement sur les qualités de son acolyte pour revenir au score dans cette zone délicate. « Visiblement, je l’ai bien marqué là-dessus lors des courses que nous avons faites l’un contre l’autre en Figaro. Sur les petites phases de transition, quand c’est bien merdique, il se trouve que j’ai une certaine aisance. Il m’a donc dit que c’était moi qui allais me coller à la traversée du Pot en faisant deux-trois coups de « pif-paf » comme on dit. Le truc, c’est qu’en face, ils ne sont pas trop mauvais non plus », a ajouté Yann, qui recomptait justement le temps passé dans la pétole, cette année, sur les épreuves du circuit monotype. « Nous nous sommes rendu-compte, avec Charlie, que cette saison, plus qu’en heures, on pouvait carrément le dénombrer en jours ! », s’est amusé le Costarmoricain par ailleurs, plutôt satisfait de son léger décalage dans l’ouest par rapport à ses deux principaux concurrents, celui-ci ayant manifestement porté ses fruits.
Un décalage dans l’ouest intéressant
« Comme nous nous sommes tous les trois présentés par la même porte dans le Pot-au-Noir, c’est-à-dire l’endroit où, statistiquement, nous avons tous pensé qu’il était le plus étroit et donc le plus facile à franchir, Charlie et moi avons décidé qu’il serait intéressant de tenter un petit décalage pour ne pas rester complètement dans la roue des autres », a expliqué le navigateur. Le fait est qu’ils ont été plutôt bien inspirés puisqu’après avoir compté jusqu’à 50 milles de retard sur le leader, ils viennent de griller la politesse au classement à Banque Populaire VIII puis à PRB. « Le bilan comptable est plutôt bon, c’est vrai. Si ça pouvait rester comme ça, se serait bien. En théorie, plus on est dans l’ouest, plus le Pot est facile à passer. Après, une fois qu’on l’a franchi, la difficulté, c’est qu’on se retrouve un peu du mauvais coté de la bascule du nouveau vent et un peu plus au près serré que les autres. En même temps, normalement, quand on réussi à mieux glisser dans le Pot, comme cela est actuellement notre cas à Charlie et à moi, c’est généralement positif pour la suite », a indiqué Yann Eliès, pas du genre à crier victoire avant l’heure, d’autant qu’il s’attend encore, comme il l’a dit, à quelques méchantes surprises dans les heures qui viennent. « Le Pot, ce n’est pas encore complètement fini. Il va nous laisser respirer un peu puis en début d’après-midi, quand ça va commencer à chauffer très fort, nous allons avoir des développements verticaux et donc des orages. Dès lors, ça va devenir la foire. A mon sens, c’est demain matin que l’on pourra vraiment dire que nous sommes sortis d’affaire », a poursuivit le skipper qui s’attend, pas conséquent, à encore près de 24 heures un peu difficiles mais qui, dans l’intervalle, espère bien réussir à faire un brin de toilette. « Prendre une douche fait partie de mon programme de la journée. Nous souffrons pas mal de la chaleur, c’est sûr. Et comme nous essayons de conserver un système de quart de deux heures, ce n’est pas évident de se reposer en journée car on transpire et on dort moins bien. Clairement, nous récupérons mieux la nuit », a avoué Yann qui sait que plus il va gagner vers le sud, moins les températures seront étouffantes. « En fait, tout nous motive à franchir ce Pot au plus vite, devant ou pas trop loin des copains avant s’attaquer la partie « fine » des alizés », a conclu le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir.